Même si un jour à Knocke-le-Zoute
Je deviens comme je le redoute
Chanteur pour femmes finissantes
Même si je leur chante «Mi Corazon»
Avec la voix bandonéante
D’un Argentin de Carcassonne
Même si on m’appelle Antonio
Que je donne mes derniers feux
En échange de quelques cadeaux
Madame, oh madame, je fais ce que je peux
Même si je me saoule à l’hydromel
Pour mieux parler de virilité
À des mémères décorées
Comme des arbres de Noël
Je sais que dans ma saoulographie
Chaque nuit pour des éléphants roses
J’rechanterai ma chanson morose
Celle du temps où je m’appelais Jacky
Être une heure, une heure seulement
Être une heure, une heure quelquefois
Être une heure, rien qu’une heure durant
Beau, beau, beau et con à la fois
Même si un jour à Macao
J’deviens gouverneur de tripot
Cerclé de femmes languissantes
Même si lassé d'être chanteur
J’y sois devenu maître chanteur
Et que ce soit les autres qui chantent
Même si on m’appelle le beau Serge
Que je vende des bateaux d’opium
Du whisky de Clermont-Ferrand
De vrais pédés, de fausses vierges
Que j’ai une banque à chaque doigt
Et un doigt dans chaque pays
Et que chaque pays soit à moi
Je sais quand même que chaque nuit
Tout seul au fond de ma fumerie
Pour un public de vieux chinois
J’rechanterai ma chanson à moi
Celle du temps où je m’appelais Jacky
Même si un jour au paradis
Je deviens comme j’en serais surpris
Chanteur pour femmes à ailes blanches
Même si je leur chante alléluia
En regrettant le temps d’en bas
Où c’est pas tous les jours dimanche
Même si on m’appelle Dieu le Père
Celui qui est dans l’annuaire
Entre Dieulefit et Dieu vous garde
Même si je me laisse pousser la barbe
Même si toujours trop bonne pomme
Je me crève le cœur et le pur esprit
À vouloir consoler les hommes
Je sais quand même que chaque nuit
J’entendrai dans mon paradis
Les anges, les saints et Lucifer
Me chanter ma chanson d’naguère
Celle du temps où je m’appelais Jacky